Des martyrs français en 1944-1945 ?

Par un décret du 20 juin 2025, le Vatican reconnaît comme « martyrs » 50 Français morts en 1944-1945 dans des camps de concentration allemands : ils auraient été tués par les « nazis » en haine de la foi.

Remarquons tout d'abord que la plupart n'ont pas été exécutés, mais ont été victimes d'épidémies (typhus, tuberculose) qui sévissaient dans les camps allemands à la fin de la guerre, dues non pas à un calcul machiavélique des dirigeants du IIIe Reich mais à l'état lamentable de l'Allemagne de cette époque en raison des bombardements intensifs et criminels des Anglo-Américains, rasant des villes, massacrant des centaines de milliers de civils et détruisant les voies de communication.

Par ailleurs nous ne reviendrons pas ici sur ce qui a fait l'objet d'un livre de notre part (National-socialisme et catholicisme, l'impossible conciliation ?, aux éditions Saint Barthélemy), c'est-à-dire la véritable relation entre l'Allemagne nationale-socialiste et la religion, mais nous préciserons seulement que ces « martyrs » n'étaient pas arrêtés en tant que catholiques (la religion catholique étant autorisée et celle de 40% des Allemands) mais en tant qu'opposants au national-socialisme.

En revanche, nous pouvons suggérer quelques pistes à ceux qui s'intéressent aux martyrs que la France a pu avoir à cette période.

En effet, pour ne parler d'abord que des ecclésiastiques, au moins cinq prêtres ont été assassinés dans le département de la Haute-Savoie entre juin et décembre 1944, mais on retrouve cela un peu partout à travers la France à cette période : ainsi l'abbé Gamard, curé de Toutainville dans l'Eure, est retrouvé début juillet 1944 dans un fossé avec une balle dans la tête ; l'abbé Amiehl est assassiné dans son église de Fontaine-de-Vaucluse, devant le tabernacle, début novembre 1943 ; c'est dans son presbytère qu'est tué l'abbé Sabrier, curé de Montbazens dans l'Aveyron ; en l'espace de deux jours, les 12 et 13 février 1944, deux curés sont assassinés dans le nord-ouest du Lot-et-Garonne, alors que le mois précédent, dans le même département, Mgr Nonradino-Torricella, chef supérieur des missions catholiques italiennes et camérier secret de Pie XII, a lui aussi été assassiné. Et nous pourrions continuer longtemps ainsi.

Si vous n'en avez jamais entendu parler, c'est probablement parce que leurs bourreaux n'étaient pas des « nazis » mais des résistants, ceux que l'on vous présente comme des héros et des patriotes, même lorsqu'ils étaient communistes... Voyons un peu plus en détail leurs œuvres : pour l'abbé Daunis, curé dans le Lot-et-Garonne (un autre encore), ils l'ont torturé, fait marcher sur des tessons de bouteilles, lui ont arraché la langue et les yeux et l'ont pendu par les pieds ; il est resté dans cet état deux jours avant de mourir... L'abbé Mandaroux, curé de Saint-Privat dans l'Ardèche, était favorable à la résistance mais il posait trop de questions pour savoir ce qu'était devenu un de ses paroissiens, membre du Parti Populaire Français de Jacques Doriot : les héroïques résistants lui répondent en le fusillant le 14 août 1944 ; quant à l'abbé Heymès, curé de Saint-Front en Charente, son principal tort est d'être mosellan et d'avoir un fort accent germanique ; il est torturé et assassiné le 11 juillet 1944. Et la liste est encore longue. Quand ils ne tuent pas les prêtres, ils s'en prennent aux églises : à Toulouse, l'église Saint-Sernin est mitraillée à trois reprises et perquisitionnée à la « Libération », de même que la basilique Notre-Dame de La Daurade, où les prêtres sont arrêtés et frappés ; dans l'Ardèche, c'est le château de La Tour, résidence d'été de l'archevêque d'Alger, qui est pillée par les communistes qui s'amusent à organiser des cérémonies sacrilèges en s'habillant de vêtements liturgiques et en buvant dans le calice. Mais ils s'en prennent aussi aux femmes : une religieuse du couvent de Thiviers, en Dordogne, est enlevée et assassinée par les glorieux « patriotes » début 1944...

De nombreux laïcs catholiques ont aussi été victimes de l'épuration : il est frappant de constater que de nombreuses personnes assassinées l'ont été en revenant de la messe. C'est au cours d'une procession de la Fête-Dieu qu'est arrêté le commandant de La Roque, châtelain de l'Ardèche et ancien combattant valeureux de 1940, mais royaliste et ancien chef départemental de la Milice : il est exécuté d'une balle dans la tempe alors qu'il est à genoux en train de prier, les communistes lui ayant refusé l'assistance d'un prêtre. C'est en robe de mariée qu'est tuée en Charente une autre catholique fervente, Françoise Armagnac, pour avoir adhéré quelques mois à la Milice : « Tuez-moi, je remets mon âme à Dieu » avait-elle dit à ses bourreaux ; malgré son appartenance au mouvement scout, je ne crois pas qu'une seule troupe lui ait jamais rendu hommage...

Les 6 jeunes miliciens fusillés à Grenoble tout comme les 76 miliciens exécutés au Grand-Bornand, en Haute-Savoie, meurent chrétiennement aux yeux de tous : le cas du martyre de ces derniers, maltraités par les rouges notamment à cause du Sacré-Cœur que certains avaient cousu sur leur chemise, allant au peloton d'exécution en disant leur chapelet et fusillés en criant « Vive le Christ-Roi », aurait déjà dû faire l'objet d'une enquête diocésaine en temps normal. De même, la lettre laissée par le milicien Georges Pouget, âgé de 18 ans, juste avant d'être fusillé, manifestant une foi et un détachement peu communs, pourrait être enseignée dans les écoles catholiques comme exemple d'une véritable attitude chrétienne devant la mort. Mais, là encore, on préfère citer d'autres cas plus politiquement corrects.

Nous sommes dans ce que Maurice Bardèche nommait, dans sa Lettre à François Mauriac, le monde clos du mensonge. Mais, en tant que catholiques, nous devons toujours servir la vérité. En Italie, aucun des prêtres tués par les communistes – pourtant plusieurs centaines – n'a encore été reconnu martyr. Néanmoins, grâce à ses miracles et à sa jeunesse, un petit séminariste de 14 ans, Rolando Rivi, assassiné en avril 1945, a été reconnu martyr et béatifié en 2013 par le pape François. Cet exemple, comme celui des nombreux martyrs de la guerre d'Espagne reconnus par lui comme par ses deux prédécesseurs, nous montre que Dieu peut se servir de tout, même d'un pape moderniste, pour la gloire de ses élus. N'ayons donc pas peur de dire haut et fort la vérité sur cette période et, avec l'intercession du bienheureux Rolando Rivi, peut-être aurons-nous la chance de voir un jour sur les autels d'authentiques martyrs français, tués réellement en haine de la foi dans ces sombres années de la « Libération ».

 

Quentin Douté, Secrétaire général du Mouvement National-Catholique

 

Retour aux articles

©National-catholicisme. Tous droits réservés.

Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions

Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.