Terre Peuple Chrétienté
Terre, Peuple, Chrétienté : trois mots qui forment à eux seuls une véritable doctrine.
La terre et le peuple, « la terre et les morts » de Maurice Barrès, « le sol et le sang » de Charles Maurras, voilà la véritable définition d'une nation, le reste n'est que du bavardage : « La terre nous donne une discipline, et nous sommes les prolongements des ancêtres. » (Barrès). En effet, « Nous sommes le produit d'une collectivité qui parle en nous. Que l'influence des ancêtres soit permanente, et les fils seront énergiques et droits, la nation une. » (Barrès) ; « Quarante millions d'hommes vivants, soit, mais un milliard d'hommes morts. La vraie assise, la voilà. » (Maurras).
Mais la terre a aussi son importance : « Le terroir nous parle et collabore à notre conscience nationale, aussi bien que les morts. C'est même lui qui donne à leur action sa pleine efficacité. Les ancêtres ne nous transmettent intégralement l'héritage accumulé de leurs âmes que par la permanence de l'action terrienne. » (Barrès). C'est pourquoi « Naître en France et de vieux sang français, alors même qu'on y procède du dernier des déshérités, c'est encore naître possesseur d'un capital immense et d'un privilège sacré. C'est porter avec soi, en soi, un titre d'héritage. » (Maurras). Par conséquent, « pour permettre à la conscience d'un pays tel que la France de se dégager, il faut raciner les individus dans la terre et dans les morts », leur faire retrouver « la voix du sang et l'instinct du terroir », selon les termes de Maurice Barrès.
Voilà un enseignement basé sur le réel car, il faut toujours le rappeler, la grâce ne supprime pas la nature mais la perfectionne : « le catholicisme n'a pas mission de rompre des liens que la Providence et la nature ont si soigneusement noués, multipliés et combinés. Il ne se propose pas de déraciner l'homme et de le séquestrer de la nature », « les peuples se différencient entre eux comme les parties de l'univers qu'ils habitent. C'est une nécessité, c'est une donnée de fait. Elle est prévue et voulue par le Maître de la vie ; elle a donc ses raisons d'être, puisqu'Il a ses vues et ses desseins », « le nationalisme naît au sein d'un groupe de la prise de conscience de ce fait » (père Louis Lachance, OP).
Le troisième terme est celui qui perfectionne ces réalités : la Chrétienté. Il ne s'agit pas, contrairement à ce que l'on croit souvent, d'une simple référence à l'unité spirituelle de l'Europe médiévale, il s'agit de l'objectif que doit avoir pour lui-même et pour la société chaque catholique : « Omnia instaurare in Christo », selon la formule de saint Paul reprise par saint Pie X, tout instaurer dans le Christ. Comme l'expliquait Pie XI dans son encyclique Quas primas : « il n’y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les États ; car les hommes ne sont pas moins soumis à l’autorité du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée. Il est l’unique source du salut, de celui des sociétés comme de celui des individus ». Toute notre vie personnelle comme tous les aspects de la vie de la société doivent impérativement être placés sous le regard de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Christ-Roi. C'est cela, la Chrétienté.
Le Sol, le Sang et le Ciel : ce sont les réalités sur lesquelles doit être basé tout nationalisme authentique. En dehors d'elles, il n'y a point de salut pour les nations.
Quentin Douté, Secrétaire général du Mouvement National-Catholique